Pourquoi est-ce une mauvaise idée d’offrir un téléphone portable à votre enfant ?

Votre enfant vous réclame un téléphone portable depuis un moment, et vous vous demandez si c’est vraiment une bonne idée de lui en offrir un et, si vous penchez vers le oui, à partir de quel âge est-ce « raisonnable » de lui donner.

Notre réponse sur le sujet sera directe et sans ambiguïté : non, ce n’est pas une bonne idée de donner un téléphone portable à un enfant, du moins pas avant qu’il ne soit vraiment entré au lycée et soit donc en âge de vraiment prendre du recul sur l’utilisation d’un téléphone portable et les dangers qui peuvent en découler.


Car, s’il faut vivre avec son temps, le smartphone reste tout de même un outil destiné aux adultes, qui n’est donc pas censé atterrir entre les mains des enfants et des adolescents.

De plus, pour donner une explication simplifiée, les téléphones portables utilisent des hyper basses fréquences (les données), envoyées via des hyperfréquences qui sont des micro-ondes (la porteuse). Ce ne sont pas réellement ces micro-ondes qui posent problème, car leurs valeurs sont très faibles, même si c’est en champ proche. Ce n’est pas non plus la puissance et/ou le niveau thermique du signal (le fameux « DAS » ou « Débit d’Absorption Spécifique ») qui est en jeu réellement. Mais c’est bel et bien cette nature du signal « multiplexé » de basses fréquences sur une porteuse de micro-ondes qui est problématique dans l’utilisation du téléphone portable. Car ce sont ces ondes artificielles et composites qui provoquent des effets délétères, largement décrits par la littérature scientifique.
 

Vous trouvez cette réponse un peu trop radicale ? Voyons ensemble quelques-uns des nombreux arguments attestant que téléphone portable et enfant ne font pas bon ménage.

 

Les téléphones portables sont légalement interdits dans les écoles et les collèges

 Selon l’article Art. L. 511-5 de la loi n°2018-698, en date du 3 août 2018, il est indiqué que : « L’utilisation d’un téléphone mobile ou de tout autre équipement terminal de communications électroniques par un élève est interdite dans les écoles maternelles, les écoles élémentaires et les collèges […] ». Les termes « tout autre équipement terminal de communications électroniques » concernent tous les autres moyens de communication électroniques, à savoir les tablettes, les montres connectées…


Ainsi, si vous comptiez offrir à votre adolescent un téléphone portable, afin qu’il l’emmène à l’école ou au collège avec lui ou avec elle, sachez que ce n’est, dans tous les cas, pas légalement autorisé. Vous avez donc ici un argument à présenter à votre enfant, pour lui expliquer pourquoi il ne peut pas avoir de téléphone portable pour le moment, puisque, de toute façon, il ne pourra légalement pas l’emmener à l’école pour l’utiliser.

L’utilisation d’un téléphone portable est dangereuse pour la santé physique des enfants

La boîte crânienne et le cerveau des enfants et des jeunes adolescents sont encore en plein développement, et donc plus fragiles que ceux des adultes. Or, comme indiqué en introduction, les téléphones portables émettent des ondes de hautes et basses fréquences, qui sont nocives pour la santé. D’où le fait que les fabricants de smartphones doivent respecter un certain seuil de DAS (Débit d’Absorption Spécifique) pour tous leurs produits, afin de limiter les effets de ces fréquences sur les utilisateurs. Néanmoins, lors des calculs pour déterminer ce DAS, les études se sont basées sur les effets thermiques de ces ondes complexes (hyper hautes et basses fréquences) et sur un organisme adulte, bien moins fragile que celui d’un enfant, encore en développement. Et dont la paroi entre le sang et le cerveau (la barrière hémato-encéphalique qui protège le cerveau) est fragilisée par l’effet des ondes du portable.


C’est d’ailleurs pour limiter les conséquences de ces ondes que, selon un rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, ou ANSES en date du 9 juillet 2018, le port d’une oreillette filaire est recommandé pour tous les utilisateurs de téléphone, mais surtout pour les adolescents qui sont encore plus sensibles à ces ondes que les adultes.


Ce rapport récapitule ces conclusions de 2001 et 2013 préconisant des mesures d’évitement prudent et rappelle qu’il est recommandé de : « s’équiper d’un kit oreillette ; ne pas porter le mobile proche de tissus potentiellement sensibles – tels que au contact du ventre pour la femme enceinte, ou près des gonades pour un adolescent (…) ».


Incitez donc votre adolescent à utiliser cette oreillette filaire – toujours fournie avec le téléphone, à ne pas garder le téléphone dans sa poche et à passer ses appels en mode haut-parleur lorsqu’il est en extérieur, pour limiter au maximum son exposition aux ondes.

En mai 2011, des experts internationaux rassemblés sous l’égide du Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), une agence de l’OMS, ont statué, sur le risque de l’usage du téléphone portable. Classées désormais en catégorie 2B, les ondes électromagnétiques émises notamment par ces mobiles sont, selon eux, « possiblement cancérigènes ».


Un rapport de juillet 2019 publié par Santé Publique France intitulé « Estimations nationales de l’incidence et de la mortalité par cancer en France métropolitaine entre 1990 et 2018 » mentionne que le nombre de glioblastomes, tumeurs primitives du cerveau les plus fréquentes et les plus agressives, a été multiplié par 4 en France au cours des 28 dernières années.

En 2010, la compagnie de réassurance Lloyds, suivant le groupe Swiss Re,  a décidé de ne plus couvrir les risques liés aux ondes du téléphone portable, comparé dans un rapport à ceux de l’amiante. Décision passée inaperçu.


Vous aurez donc compris les effets néfastes pour la santé que ces ondes émises par les téléphones portables ont sur les enfants qui ne sont pas à prendre à la légère : troubles de la vision, maux de tête, impacts sur le système nerveux, troubles du sommeil, troubles cardiaques… Sans parler du fait que, lorsqu’un enfant ou un jeune adolescent est scotché sur son téléphone, il ne va rien faire d’autre. Avec le risque à la clé de devenir de plus en plus sédentaire, ce qui peut entraîner du surpoids et/ou de l’obésité liés au manque d’exercice, mais aussi des douleurs cervicales et des problèmes à la nuque, du fait de rester la tête penchée vers l’écran.

Le téléphone portable est donc un outil et comme tout outil il est à utiliser avec précautions. A tout le moins avec une oreille filaire, tel que le recommande la Fédération Française des Télécoms. (Le bluetooth implique les mêmes risques que le portable).

Le téléphone portable a des effets directs sur le développement mental des enfants

Là-encore, les faits que nous allons énoncer sont connus de tous : l’utilisation des écrans par les plus jeunes, et donc des téléphones portables, ont des effets directs sur le développement des enfants, notamment sur leurs fonctions cognitives. Car les ondes du portable décrites précédemment vont avoir un impact direct sur le développement des enfants et des adolescents : comme indiqué dans un second rapport de l’ANSES de juillet 2019, qui recommande l’éloignement du téléphone portable avec le corps. Ce rapport indique que des études ont prouvé que la sous-expression de différents marqueurs du métabolisme impliqués dans le stress oxydatif et la neurotransmission (tels que l’acétylcholine ou encore la mélatonine) expliquent les troubles du sommeil et de la mémoire, ainsi que les difficultés de concentration et d’apprentissage apparues chez les adolescents soumis à des ondes de haute fréquence.


N’oublions pas non plus les troubles du développement des fonctions exécutives des adolescents, avec à la clé un comportement agité ou passif, des difficultés de raisonnement, augmentation de l’impulsivité, difficulté à avoir une bonne maîtrise de soi… Sans parler de la relation entre l’utilisation intensive des écrans dès le plus jeune âge, avec l’apparition de troubles du spectre autistique (TSA). Troubles qui d’ailleurs disparaissent lorsque cette surexposition aux écrans est supprimée et que les interactions parents-enfants sont augmentées, comme l’atteste ce « plaidoyer pour un nouveau syndrome « Exposition précoce et excessive aux écrans » (EPEE). ».


C’est d’ailleurs pour cela que, selon l’Article L5231-3-1 du Code de la santé publique : « Toute publicité, quel qu’en soit le moyen ou le support, ayant pour but direct de promouvoir la vente, la mise à disposition, l’utilisation ou l’usage d’un téléphone mobile par des enfants de moins de quatorze ans est interdite. », puisque leur utilisation par des enfants ou de jeunes adolescents est dangereuse pour eux. On ne parle pas assez de ces conséquences dramatiques qu’ont réellement les ondes de haute fréquence sur les enfants et les adolescents, alors qu’il semble pourtant primordial d’informer et de sensibiliser les parents sur cette sensibilité exacerbée des enfants aux ondes, et sur les moyens simples et efficaces de réduire cette exposition aux ondes au sein du foyer familial.


On n’a pas non plus assez parlé de l’impact des réseaux sociaux sur la santé mentale des enfants, du moins avant que 42 états américains portent plainte contre Meta (Facebook, Instagram) en octobre 2023 et l’accusent de nuire à la santé mentale des plus jeunes en les manipulant au travers d’algorithmes ultra addictifs et de collecter leur données confidentielles sans l’autorisation de leurs parents. Action en justice qui représente l’aboutissement d’enquêtes menées sur les méthodes des deux plateformes.

Alors que des études ont établi une association entre l’utilisation des plateformes de médias sociaux comme Meta par les adolescents, et la dépression, l’anxiété, l’insomnie, les interférences avec l’éducation et la vie quotidienne, ainsi qu’une foule d’autres conséquences négatives, d’autres recherches internes – cette fois commandées par Meta (et gardées secrètes jusqu’à ce qu’un lanceur d’alerte) — ont révélé que l’entreprise était au courant depuis des années des graves dommages causés par le temps passé par les jeunes sur sa plateforme. Cependant, cela ne semble pas l’arrêter, puisque l’entreprise continue de promouvoir son réseau social.

Enfin, il ne faut pas oublier qu’en possédant un smartphone, les adolescents ont une porte ouverte sur le monde d’Internet. Or, on le sait, nous sommes aujourd’hui abreuvés en continu de tout un tas d’informations, qu’un cerveau d’enfant ou de jeune adolescent n’est clairement pas apte à trier et à gérer. C’est ce qui explique que, et des études le prouvent, les enfants qui ont accès trop tôt aux smartphones ont beaucoup plus de risques de développer des désordres mentaux tels que le stress et l’anxiété – qui entraînent aussi des troubles du sommeil et de la dépendance aux écrans, par peur de « rater » quelque chose ; mais aussi des troubles de l’attention, du comportement et de l’attachement.



Le smartphone, la porte d’entrée aux réseaux sociaux et au cyberharcèlement

Les téléphones portables peuvent amener des conflits et de la violence entre enfants.

Si votre enfant ne comprend pas pourquoi il ne pourrait pas amener un téléphone portable à l’école ou au collège, expliquez-lui aussi qu’en se montrant avec un téléphone portable dans la cour de récré, il risque d’avoir des problèmes avec les autres enfants. Il risque par exemple de se faire voler son téléphone par un autre enfant, qui serait jaloux de ne pas en avoir. Il peut également se faire racketter par d’autres enfants pour pouvoir récupérer son téléphone qu’ils lui auraient pris, en échange de son goûter, de devoirs à faire à leur place, voire même d’argent dans les pires des cas. Il risque aussi de se faire agresser par des petites brutes s’il refuse de prêter son téléphone. Bref, le téléphone portable est clairement une source de convoitise au sein d’une cour d’école ou de collège, qui pourra très facilement porter préjudice à votre enfant. D’autant plus que l’école et le collège sont faits pour travailler, et non pour téléphoner ou se divertir.


Si les adolescents veulent à tout prix un smartphone, c’est généralement pour pouvoir rester en contact avec leurs amis, même après les cours. Et ce contact continu passe le plus souvent par leur inscription sur les réseaux sociaux, puisque c’est là que « tout se passe ». On retrouve en effet de plus en plus de jeunes enfants, à peine âgés d’une dizaine d’années, qui ont déjà leurs propres comptes sur Snapchat, Instagram ou TikTok, afin de partager des vidéos de leur quotidien avec leurs amis en ligne.


Or, ces réseaux sociaux peuvent rapidement devenir une source de harcèlement pour certains jeunes, qui se retrouvent criblés de messages d’insultes et de haine à longueur de journée, sans savoir comment les gérer et sans oser en parler à leurs parents, par peur de représailles. Sans parler de toutes les dérives qui en découlent, telles que le revenge porn, avec notamment la création par des adolescents de comptes « fisha » pour diffuser en masse les informations personnelles d’une victime de porn revenge, afin de faciliter son harcèlement en ligne et dans la vie réelle.


Ce n’est donc pas un hasard si des enfants de plus en plus jeunes sont déjà touchés par la dépression, avec une augmentation considérable du taux de suicide chez les moins de 15 ans liés au cyberharcèlement via les réseaux sociaux. Surtout que les GAFAM interdisent l’inscription aux enfants de moins de 13 ans sur leurs réseaux sociaux. C’est le cas pour Facebook, Instagram ou encore TikTok, alors que des enfants bien plus jeunes y sont pourtant présents. C’est donc à vous, parents, de surveiller l’activité en ligne de vos enfants et adolescents.


De plus, les enfants ayant des comptes en ligne peuvent très rapidement – et surtout très facilement – devenir la cible de cybercriminels et/ou pédophiles. D’autant plus que, sur Internet, personne n’est à l’abri de se faire voler ses données personnelles, qui seront ensuite diffusées sans autorisation – sans oublier que les GAFAM récupèrent et revendent également ces données. Enfin, du fait de leur méconnaissance des dangers d’Internet, les adolescents sont bien plus facilement victimes d’arnaques en tous genres, mais aussi de fake news et autres dérives du même genre.

Alors, que faire si mon enfant me réclame à tout prix un téléphone portable ?

Si votre enfant vous réclame corps et âme d’avoir un téléphone portable, pour « faire comme les copains », il nous paraît important de ne pas céder tant qu’il est au collège. Car, au-delà de tous les risques cités précédemment, votre enfant n’a pas encore besoin d’être joignable n’importe quand, et si ses amis veulent le ou la contacter, ils peuvent toujours le faire sur votre propre téléphone portable ou sur le téléphone fixe de la maison, si vous en possédez un.


Une fois votre adolescent arrivé au lycée, s’il est amené à rentrer seul par exemple, il peut être sécurisant de lui donner un moyen de vous contacter en cas de soucis. Dans ce cas-là, nous vous conseillons de lui donner au départ un téléphone portable basique, et non un smartphone. Et avec l’oreillette vendue avec ! Vous pouvez partir sur un téléphone à clavier, pour faciliter l’envoi des textos, ou encore un BlackBerry, qui permettra à votre adolescent d’avoir accès au réseau 3G mais pas aux réseaux sociaux et aux risques qui en découlent. Votre ado pourra ainsi appeler et être joignable par appel ou message à tout moment, ce qui lui permettra de ne pas être coupé de ses amis une fois les cours terminés.


D’ailleurs, on remarque un retour en force du « dumbphone » chez les jeunes de la Génération Z – surtout les modèles à clapet. Les « dumbphones » – ou « téléphones bêtes », par opposition aux « smartphones » ou « téléphones intelligents » – sont des téléphones portables ayant uniquement des fonctions basiques, et qui ont donc un effet beaucoup moins addictif et toxique que les smartphones sur les jeunes, qui se détournent ainsi d’eux-mêmes des réseaux sociaux et de leurs dérives.


Mais si vous souhaitez le ou la laisser accéder à Internet et aux réseaux sociaux en dépit de nos mises en garde, prenez le temps de bien lui expliquer le fonctionnement du monde du Web et de ses dangers, avec des conseils sur ce qu’il peut ou ne doit pas faire en ligne, pour minimiser les risques. Encouragez votre ado à utiliser le mode haut-parleur ou à utiliser l’oreillette fournie. N’hésitez pas également à installer des sécurités parentales invisibles. Et demandez-lui, subrepticement, de vous informer de temps à autre de la façon dont il utilise les réseaux sociaux, afin de discuter ensemble de ce sur quoi il devrait faire attention. La clé, c’est d’instaurer une bonne communication avec votre enfant pour que, en cas de question ou de problème, il n’hésite pas à venir vous voir pour en parler.