Les fake news, ou fausses nouvelles, représentent des informations délibérément falsifiées pour tromper ou manipuler le public. Elles prennent diverses formes, notamment des articles de presse bidons, des images truquées et des vidéos manipulées.
À l’ère d’internet, ces informations fallacieuses ont proliféré de manière alarmante, exerçant une influence significative sur les opinions et les comportements.
Analysons ensemble leurs voies de diffusion, leurs impacts sur la société et les solutions pour y remédier.
Les mécanismes de propagation des fausses nouvelles
Les mensonges numériques se déploient à une vitesse vertigineuse, amplifiée par les réseaux sociaux et les différentes plateformes en ligne. Leur nature virale et le penchant humain pour les actualités sensationnelles facilitent leur diffusion rapide. Explorons les diverses méthodes et dynamiques qui sous-tendent ce phénomène.
Déformation des faits : une technique trompeuse
Les fake news se définissent par leur capacité à déformer les faits en sortant des données de leur contexte pour manipuler une pensée commune. Cette technique est particulièrement efficace pour induire en erreur.
On appelle ça la décontextualisation ou troncage. Il s’agit d’informations déformées, construites à partir de segments d’informations réelles mais diffusées dans un autre contexte, comme une vidéo ancienne légendée avec une fausse information. Les internautes peuvent relayer ensuite l’information en toute bonne foi pensant celle-ci authentique.
Exemple : « Deux lions, deux tigres et un jaguar ont réussi à s’échapper d’un zoo » titre une vidéo Youtube avec en fond une place de la Capitale. Or, l’évènement s’est produit en Allemagne dans la la petite ville de Lünebach en 2018, pas à Paris en 2024.
Autre typologie des fausses nouvelles, la « vérité alternative ».
Certaines affirmations minimisent la perte de glace en Antarctique. Leur rôle est d’appuyer les croyances des climatosceptiques et d’exacerber la méfiance envers les études ou les politiques environnementales. Un autre exemple probant de désinformation est la création d’une fausse page du journal Bild, qui prétendait que le député européen et politique allemand, Maximilian Krah, devait une pension alimentaire de plus de 80 000 euros à ses huit enfants. Cette Une trafiquée a suscité l’indignation de ses électeurs et a donc rempli une partie de son rôle : influencer les opinions des adeptes de son parti.
Dans un autre registre, d’autres complotistes – autoproclamés experts en géopolitique, nous expliquent dans une argumentation en mille-feuille inconsistante, qu’un groupe de personnes puissantes, secrètes et occultes manipulent le monde entier. On pense ici à Alain Soral, Dieudonné M’Bala M’Bala, promoteurs de la théorie du complot juif mondial. Ou Pierre Jovanovic, autre charlatan.
Vitesse fulgurante : le pouvoir des réseaux sociaux
C’est la science qui l’affirme : les rumeurs infondées circulent plus vite que les véritables événements. Une étude du MIT en 2018 a révélé que les infox diffusés sur Twitter (désormais appelé « X ») se diffusent plus rapidement et atteignent un public plus large que les faits avérés.
De même, l’Université de Stanford a observé que ces contenus mensongers génèrent plus d’engagement sur les réseaux sociaux, alors que les étudiants ne sont pas armés pour détecter les faits inventés de toute pièce.
Une malheureuse dynamique confirmée par une étude publiée par l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (anciennement CSA ou Hadopi) en 2020.
Le biais de confirmation : une force amplificatrice
Facteur clé dans la propagation des pages trompeuses, le biais de confirmation est un concept qui caractérise la tendance des individus à privilégier les données qui confirment leurs propres croyances. Une posture étudiée et validée par Joshua Klayman, professeur émérite des sciences du comportement à l’université de Chicago. Ses travaux ont démontré que les gens étaient plus enclins à croire, et donc à partager, les théories du complot qui soutenaient leurs convictions.
D’autre part, l’Université de Cardiff renforce ces conclusions, via une enquête qui prouve que les
citoyens acceptent plus facilement les récits alignés avec leurs opinions politiques, même s’ils sont faux.
Oui, il existe de vrais complots
Bien que la presque totalité des théories du complot soient infondées, des conspirations réelles ont existé. Nous pouvons citer le scandale du Watergate ou les programmes de surveillance illégale de la NSA (l’Agence de Sécurité américaine) révélés par Edward Snowden en 2013.
Cependant, la distinction entre les vrais complots et les fake news est souvent obscurcie par le biais de proportion. Ce mécanisme cognitif conduit les gens à supposer que plus un événement est grave, plus sa cause est importante. Prenons l’exemple du 11 septembre 2001, énorme et spectaculaire choc mondial. La cause ne serait-elle pas un complot fomenté par la première puissance mondiale elle-même ?
De là autant d’arguments parcellaires, tous contestables à l’aune d’une vérification scientifique globale, sont délivrés en vue de convaincre un auditoire déjà convaincu par sa propre croyance.
Il s’agit là d’un acquis évolutif, hérité des temps où l’homme était confronté à une nature hostile. Par exemple, le bruissement des hautes herbes sera plus volontiers interprété comme la présence d’un terrible prédateur que comme un simple effet du vent.
Outre que le conspirationnisme réconforte et séduit ceux qui ressentent une perte de contrôle sur leur vie et leur environnement, l’invention de fausses théories est un acquis évolutif essentiel. Ce calcul de probabilité s’effectue de manière à minimiser les risques et les surprises… Quitte à produire de pures illusions !
Et si une théorie du complot est renforcée par le biais de conjonction, qui incite à percevoir une connexion causale entre des événements simplement parce qu’ils surviennent simultanément ou se succèdent, alors la croyance se décuple davantage au détriment de l’observation stricte de la vérité.
L’effet de la répétition : martelage et crédibilité accrue
L’effet de la répétition joue également un rôle important dans le colportage de fake news. En effet, l’exposition répétée à un communiqué, même inventé, augmente sa crédibilité perçue.
Ce mécanisme est largement exploité par les créateurs d’hoax (canular ou information délibérément trompeuse) pour renforcer l’adhésion à leurs messages : bien souvent, ils publient leurs articles fantaisistes sur divers sites internet leur appartenant, des forums complotistes, ainsi que sur une myriade de profils sur les réseaux sociaux.
Les algorithmes : un écosystème fermé
Les bulles de filtre, créées par les algorithmes des réseaux sociaux, enferment les utilisateurs dans des écosystèmes homogènes. Cela limite l’exposition à des perspectives diversifiées et favorise la diffusion de fictions, conformes aux opinions préexistantes.
En isolant les individus dans ce qui s’apparente à des chambres d’écho, ces plateformes renforcent les idées néfastes et empêchent toute prise de recul sur une actualité, une étude ou une tribune.
Comprendre les motivations derrière ces propagandes est utile pour développer des stratégies de lutte, afin de protéger la société et la santé mentale de la population.
Les motivations derrière la publication de fake news
Les desseins derrière leur création et leur diffusion sont multiples et complexes. Explorons les 3 principales raisons qui alimentent ce phénomène.
1- Les motivations financières
La publication de rumeurs grotesques est souvent inspirée par l’appât du gain. Les revenus générés par la publicité en ligne incitent à la production de contenus sensationnalistes. En Chine, en 2023, un individu a été arrêté pour avoir utilisé ChatGPT afin de créer et diffuser une fausse nouvelle sur un accident de train. Pourquoi a-t-il fait ça ? Pour attirer un grand nombre de visiteurs sur ses sites et engranger des revenus publicitaires considérables.
De même, en 2024, des articles de presse qui prétendaient que le Dr. Oz, célèbre animateur de télévision américain, avait été victime d’une tentative d’assassinat ont circulé pour attirer l’attention et augmenter le trafic sur certains sites web. Encore une fois, les motivations sont uniquement financières, peu importe les conséquences pour les victimes qui se retrouvent au centre de ces contes imaginaires.
2- Les motifs politiques et idéologiques
Les motivations politiques et idéologiques sont majeures dans la rédaction de fausses nouvelles. Ces dernières sont souvent utilisées pour altérer l’opinion publique et manipuler les résultats
électoraux. Par exemple, la théorie complotiste du « grand remplacement » est uniquement diffusée par l’extrême droite, pour alimenter des sentiments racistes et influencer les jugements sur l’immigration. Elle ne repose sur aucune étude scientifique ni sur aucun fait avéré.
Autre cas : durant les élections présidentielles françaises de 2022, des rumeurs ont affirmé que le
gouvernement préparait une fraude électorale massive. Ces parutions ont semé la méfiance et la confusion parmi les électeurs, ce qui a largement profité aux partis d’opposition.
Mises bout à bout, ces tromperies peuvent priver une partie de la population de son libre arbitre. L’adhésion à des théories du complot, appuyées par des faits fabriqués, peur avoir une influence décisive sur un vote. C’est un vrai danger pour la démocratie.
3- La malveillance
La malveillance est une autre finalité importante. Des individus malintentionnés publient des rumeurs pour nuire à la réputation d’autrui.
Chez WebCleaner, nous sommes parfois contactés pour supprimer un nom associé à des contenus nuisibles et mensongers. Un cas typique est le référencement de numéros de téléphone sur des sites d’escortes, visant à harceler et discréditer les femmes ciblées.
Par ailleurs, les montages avec des numéros, des adresses, des noms et des images sont couramment utilisés pour faire croire que la personne visée est impliquée dans des activités compromettantes.
Ces actions malintentionnées peuvent avoir des conséquences graves sur la vie personnelle et professionnelle des victimes.
Les conséquences des contrevérités
Les fake news ne se contentent pas de désinformer, elles ont des répercussions profondes sur la société, la démocratie, ainsi que sur la santé mentale et les comportements individuels.
L’impact sur la société et la démocratie
Ces récits fallacieux érodent la confiance dans les médias et les institutions, une pierre angulaire de toute société démocratique. Lorsque la population perd foi en ces entités, cela mène à une désinformation généralisée et à une instabilité sociopolitique.
Par exemple, durant la pandémie de COVID-19, des rumeurs sur la dissimulation des stocks de masques par le gouvernement français ont miné la confiance des citoyens dans les recommandations sanitaires. Cette méfiance a compliqué les efforts de gestion de la crise, retardant l’acceptation des mesures de santé publique.
D’autre part, ces affabulations exacerbent les clivages idéologiques et politiques existants. Pour l’illustrer, prenons l’exemple des théories du complot concernant l’attentat de Charlie Hebdo. Celles-ci suggéraient que cet acte était orchestré par le gouvernement français. Résultat : la confiance, déjà bien entamée, envers les institutions officielles et les médias s’est encore plus délitée.
Par ailleurs, la corrélation douteuse entre immigration et criminalité, qui attribue injustement une augmentation de la criminalité aux migrants, a exacerbé la xénophobie et les tensions sociales en France. Ces articles trompeurs ont non seulement stigmatisé les communautés étrangères, mais ont également alimenté des débats politiques virulents.
L’impact psychologique et comportemental sur les individus
Ces fables numériques peuvent causer un stress et une anxiété considérables, notamment en périodes de crise. Reprenons l’exemple du COVID-19, un moment fortement anxiogène pour beaucoup d’entre nous. Durant plusieurs mois, la désinformation autour des vaccins a provoqué une hésitation vaccinale, ce qui a ralenti les efforts des autorités sanitaires.
Autre illustration probante : le cas des « platistes ». Ces énergumènes qui réfutent le fait que la Terre soit ronde illustrent comment la manipulation médiatique peut remettre en question l’acceptation de faits scientifiques établis. Cette croyance erronée a conduit certaines personnes à rejeter l’enseignement scientifique, ce qui a impacté le niveau global d’éducation d’une population. En effet, à l’heure actuelle, un jeune sur six pense que notre planète est plate !
Le cadre législatif derrière les fausses nouvelles
En France, le cadre législatif pour lutter contre les fausses nouvelles comprend plusieurs lois spécifiques.
La loi contre la manipulation de l’information (2018)
Tout d’abord, la loi n° 2018-1202 du 22 décembre 2018 relative à la lutte contre la manipulation de l’information permet aux autorités judiciaires d’ordonner le retrait ou le blocage de fausses nouvelles en période électorale. Le but est de protéger l’intégrité de la démocratie contre toute
tentative de manipulation par la propagation d’hoax (information fausse, périmée ou invérifiable propagée par internet).
Cette loi « anti-fake news » offre également aux candidats et partis politiques la possibilité de saisir un juge pour faire cesser la diffusion d’un texte qui pourrait nuire à la sincérité du scrutin.
Par ailleurs, toujours durant les périodes électorales, l’Arcom (ex-CSA) dispose de pouvoirs accrus pour surveiller et sanctionner les contrevérités évoquées dans les médias audiovisuels.
La loi sur la régulation et protection des contenus en ligne
En complément, la loi n° 2020-766 du 24 juin 2020 (connue aussi sous le nom de « loi Avia »), qui vise à lutter contre les posts haineux sur internet, impose également aux plateformes et aux moteurs de recherche de retirer les contenus douteux signalés par les utilisateurs.
Comment lutter contre la désinformation ?
Lutter contre les bobards numériques nécessite une approche qui combine éducation, technologies et intelligence émotionnelle. Voici les principales stratégies pour combattre ce fléau, vous protéger et préserver la société.
Éduquer et sensibiliser
L’éducation au fonctionnement des médias est indispensable pour sensibiliser le public à l’importance du « fact-checking ».
En France, des initiatives comme celles menées par le CLEMI (Centre pour l’Éducation aux Médias et à l’Information) sont déjà en place pour promouvoir l’éducation aux médias dans les écoles et intégrer des cours dédiés à la pensée critique. L’objectif est d’aider les élèves à développer une approche sceptique des sites qu’ils consultent.
En tant que parent, vous pouvez aussi sensibiliser vos adolescents à la vérification des faits et l’identification des sources fiables.
De même que les jeunes adultes doivent éduquer les personnes âgées, parfois crédules face à des canaux de diffusion qu’elles maîtrisent peu, comme internet, les réseaux sociaux et même les chaînes d’infos en continu.
Utiliser des outils de vérification en ligne
Face à la montée des hoax, la presse s’est dotée d’outils et de rubriques dédiés au contrôle des faits. En cas de doute, ces solutions procurent un moyen rapide et fiable de mener l’enquête. Voici quelques liens à conserver précieusement pour détecter les informations mensongères :
· Les Décodeurs par Le Monde : cette rubrique analyse les discours politiques, les rumeurs et les actualités du moment, tout en apportant des éclaircissements précieux.
· CheckNews de Libération : ici, les journalistes répondent directement aux questions des lecteurs, en vérifiant les faits autour des on-dits et des affirmations douteuses.
· Les Vérificateurs de TF1 et LCI : un espace dédié à la vérification des faits en continu, particulièrement utile durant les périodes électorales ou les grands événements.
· Le Vrai du Faux de France Info : diffusé à la radio et disponible en podcast, « Le Vrai du Faux » analyse et rectifie, en temps réel, les rumeurs en circulation.
· FakeCatcher d’Intel : cet outil détecte les deepfakes et les vidéos manipulées, avec un taux de réussite de 96 %.
Mettre en œuvre un processus de fact-checking
Lorsque vous êtes face à une histoire suspecte ou une vidéo qui semble sortir de nulle part, voici quelques conseils et bonnes pratiques pour éviter de tomber dans le piège :
· Vérifiez l’origine : Recherchez l’origine du communiqué. Est-ce un site de confiance ? Une institution reconnue ? Méfiez-vous des noms de domaine inconnus ou peu réputés.
· Comparez avec d’autres sources : Consultez plusieurs médias fiables pour voir si la nouvelle est corroborée. Si un seul article mentionne un fait sensationnel, il est probablement faux.
· Utilisez des outils : nous venons de vous lister différents sites pour connaître la véracité d’une actualité ou l’authenticité d’une vidéo. Utilisez-les à chaque fois que vous avez un doute… Et même lorsque vous n’avez aucun doute !
· Lisez au-delà des titres : Les accroches peuvent être trompeuses et ne pas refléter le contenu de la page. Une pratique à laquelle la presse people ou les sites sensationnalistes, dont l’unique objectif est de générer des revenus publicitaires, sont abonnés.
· Vérifiez la date : d’anciennes rumeurs reviennent sur le devant de la scène, ou des actualités passées sont détournées pour coller à une prétendue actualité. Renseignez-vous toujours sur la date de parution originelle pour garantir la fraîcheur de l’article.
· Soyez sceptique envers les captures d’écran : désormais, avec Photoshop ou les IA génératrices d’image, tout est possible. Faites une recherche d’image inversée pour voir si le visuel existe ailleurs, sur un ou plusieurs médias crédibles.
· Identifiez les biais : Réfléchissez aux biais possibles. Est-ce que le récit semble favoriser une idéologie ou paraît durant un agenda particulier ?
· Faites attention aux émotions : Les infox sont souvent conçues pour susciter des réactions fortes : indignation, colère, jalousie, tristesse… Si une publication provoque un sentiment intense, et souvent négatif, prenez un moment pour la « fact-checker ».
Les fausses nouvelles impactent la confiance, la cohésion sociale et les processus démocratiques. Développer une approche à la fois collective et individuelle reste la meilleure solution pour lutter contre ce phénomène. En tant que particulier ou entreprise, analysez toujours un article sous toutes les coutures avant de le commenter ou de le partager. Si vous êtes un as du numérique, sensibilisez vos proches qui maîtrisent peu la communication internet.
Enfin, si vous êtes victime de fake news, que vos coordonnées et votre nom apparaissent sur des sites frauduleux ou dans des publications diffamatoires, qui vous dénigrent vous ou votre entreprise et qui, de ce fait atteignent, à votre réputation et à vos intérêts, vous pouvez contacter WebCleaner. Notre agence, engagée dans la lutte contre la désinformation, s’occupe de faire supprimer les contenus nuisibles.