De nos jours, le harcèlement scolaire est un phénomène dont on entend parler quotidiennement aux actualités, car il touche des enfants de tout âge, de tout origine, de tout niveau social, et ce aux quatre coins de la France. Que vous habitiez à la campagne ou dans une grande ville, votre enfant n’est pas à l’abri de se retrouver, du jour au lendemain, victime de harcèlement scolaire. Voyons donc ensemble plus précisément ce qu’est le harcèlement scolaire sur Internet et via les réseaux sociaux, et les solutions qui sont à notre portée, en tant que parents, pour aider nos enfants à se sortir de ce harcèlement.
Le harcèlement scolaire, un phénomène ancien amplifié par l’ère du numérique
Le harcèlement scolaire est un phénomène qui semble avoir toujours existé. Entendre des histoires d’enfants devenus les boucs émissaires de leur classe n’est pas nouveau, loin de là. Toutefois, si on entend parler si fréquemment du harcèlement scolaire dans les médias aujourd’hui, c’est parce que ses conséquences sont de plus en plus alarmantes, avec de très jeunes enfants n’hésitant plus à mettre fin à leurs jours pour se débarrasser définitivement de ce fléau qui s’abat sur eux jour et nuit. Car avant l’ère du numérique, le harcèlement scolaire s’arrêtait une fois les portes de l’établissement passées à la fin de la journée de classe, offrant un peu de
répit aux enfants harcelés.
Aujourd’hui et en fait depuis une vingtaine d’année, d’abord « grâce » au téléphone portable puis aux réseaux sociaux, sur lesquels les enfants s’inscrivent de plus en plus jeunes, les harceleurs peuvent continuer à s’en prendre à leurs victimes sans interruption, en les insultant, les menaçant et les humiliant en dehors des heures de cours, le soir, les week-ends, et même pendant les vacances scolaires. Cela porte le nom de « cyber-harcèlement ». Le répit dont bénéficiaient les enfants harcelés auparavant, lorsqu’ils n’avaient ni téléphone mobile ni ensuite accès à internet et aux réseaux sociaux via un smartphone ou une tablette, n’existe donc plus. Ce qui explique la multiplication des cas extrêmes de tentatives de suicides ou de suicides commis par ces jeunes victimes d’harcèlement scolaire dans la vie réelle et dans la vie virtuelle.
Comment se définit légalement le harcèlement scolaire ?
Alors, une fois la réalité des choses mise sur le tapis, découvrons comment est défini légalement le harcèlement scolaire. Selon le site officiel de l’Education Nationale, le harcèlement, scolaire ou non, peut se définir par « une violence répétée qui peut être verbale, physique ou psychologique ». Concernant le harcèlement scolaire, donc des faits de harcèlement survenus au sein d’un
établissement scolaire, il existe 3 caractéristiques à prendre en compte pour le définir :
- La violence : il existe un rapport de force manifeste entre l’élève harcelé et son ou ses harceleurs, un rapport de domination ;
- La répétitivité : les actes de harcèlement sont présents régulièrement, et se déroulent sur une longue période ;
- L’isolement : généralement, l’enfant harcelé est seul, et parfois plus faible physiquement, donc dans l’incapacité de pouvoir réellement se défendre.
Toujours sur le site de l’Education Nationale sont listées certaines caractéristiques prises en compte par les élèves harceleurs pour s’en prendre à leur(s) victime(s). On notera bien entendu :
● Les discriminations physiques : un élève jugé trop gros ou trop maigre, trop petit
ou trop grand ; un élève avec les cheveux roux par exemple ou encore un élève ayant une couleur de peau ou une origine différentes par rapport aux autres élèves.
● Les discriminations de genre et de sexe : un garçon jugé trop efféminé, une fille jugée trop
masculine, ou un élève auquel on attribue une orientation sexuelle supposée,
etc.
● Les discriminations liées au handicap : handicap physique, handicap psychique ou handicap mental ; ou bien engendrées par un trouble de la communication tel que le bégaiement par exemple.
● Les discriminations provenant de l’origine ethnique, social ou culturel d’un élève ;
● Les discriminations s’appuyant sur des centres d’intérêt d’un élève, qui vont être jugés comme différents des centres d’intérêt des autres élèves.
Enfin, sachez que, selon le site France-victimes, le harcèlement scolaire peut se présenter sous différentes formes de sévices, tels que l’intimidation, les insultes, les menaces, les moqueries, l’humiliation, le chantage, les agressions physiques, le racket, le vol, la mise à l’écart, le rejet social et les jeux dangereux qui seront testés sur les victimes.
Qu’est-ce qui caractérise légalement le cyber-harcèlement ?
Concernant le cyber-harcèlement, il est défini ainsi : « un acte agressif, intentionnel perpétré par
un individu ou un groupe d’individus au moyen de formes de communication électroniques, de façon répétée à l’encontre d’une victime qui ne peut facilement se défendre seule ». On retrouve donc les mêmes caractéristiques que le harcèlement scolaire (la violence, la répétitivité et
l’isolement), mais cette fois-ci, les agissements des harceleurs se font via des moyens de communication digitaux : « téléphones portables, messageries instantanées, forums, chats, jeux en ligne, courriers électroniques, réseaux sociaux, site de partage de photographies, etc. ».
Au lieu de brimades physiques en face à face, le cyber-harcèlement plonge la victime dans un raz-de-marée de violences « online », avec les mêmes formes de sévices que le harcèlement dans
la vie réelle : insultes, menaces, moqueries, humiliations, chantage… Et diffusion de données personnelles, de vidéos vexatoires prises et diffusées sans autorisations.
Sans parler des incitations au suicide et des menaces de mort dans les pires des cas de cyber-harcèlement. A la différence près que la victime de cyber-harcèlement ne connaît peut-être même pas tous ces bourreaux, certains jeunes se faisant passer le mot de se rallier en ligne contre une victime qu’ils ne côtoient parfois pas dans la vie réelle.
Nous avons donc finalement un aperçu assez large – et assez triste – de ce qui peut pousser certains élèves malintentionnés à prendre pour victime un enfant qui ne rentrerait pas dans les cases, selon les propres critères des harceleurs. Car, on le sait bien, certains enfants vont chercher
la moindre petite « différence » comme excuse, comme raison valable, pour justifier leurs comportements de stigmatisation, de rejet, de mise à l’écart et finalement de violence envers ces enfants considérés comme différents. Il est donc primordial, dès le plus jeune âge, d’inculquer aux
enfants des notions fondamentales telles que le respect de la différence, l’acceptation de l’autre et la tolérance, afin d’éviter que, plus tard, ils ne deviennent eux-mêmes des bourreaux.
Quelques exemples de cas d’enfants victimes de harcèlement, vus dans les
médias
Lorsque l’on parle des conséquences tragiques du harcèlement scolaire et du cyber-harcèlement des jeunes, les chiffres sont alarmants :
le nombre d’enfants de moins de 15 ans ayant fait une tentative de suicide à la suite de harcèlement scolaire a augmenté de plus de 300% durant ces dix dernières années. Ce qui explique que nous ayons tous entendu parler de différents cas d’enfants et d’adolescents qui en sont arrivés à commettre l’irréparable à la suite de faits de harcèlement scolaire. Alors revoyons
ensemble deux exemples de situations où les victimes de harcèlement scolaire et cyber-harcèlement ont décidé de mettre fin à leurs jours.
Dans les cas les plus récents, on pense notamment à Nicolas, cet adolescent de 15 ans résidant à Poissy, département des Yvelines en région Île-de-France, qui s’est suicidé le 5 septembre dernier, soit le lendemain de la rentrée scolaire, par pendaison. Il avait été victime de harcèlement
scolaire pratiquement durant toute l’année précédente puisque, dès la mi-octobre 2022, l’équipe pédagogique de l’établissement avait été mise au courant de la situation par les parents. Nicolas, qui bénéficiait d’un suivi psychologique, avait déjà fait une tentative de suicide au début de l’année
2023, ce qui avait poussé ses parents à commencer des démarches auprès du proviseur, puis auprès du rectorat de Versailles. Néanmoins, pour toute réponse, les parents avaient reçu un courrier sans une once de compassion, indiquant même à demi-mot qu’une plainte contre eux serait possible pour « dénonciation calomnieuse ». Courrier qui a été rendu public par les parents, et qui a été fortement condamné par Gabriel Attal notamment, ministre actuel de l’Éducation National, et qui a de nouveau relancé le débat sur la priorité à donner à ce problème de harcèlement scolaire.
Parmi les autres cas de harcèlement scolaire qui s’est terminé tragiquement, il était impossible de ne pas citer le cas de Lindsay, cette adolescente de 13 ans scolarisée en 4ème au collège de
Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais, et dont les harceleurs ont continué leurs vagues de haine et de harcèlement même après sa disparition. Car Lindsay a mis fin à ses jours le 12 mai 2023, après avoir été harcelée depuis le mois d’octobre 2022, soit durant pratiquement toute l’année scolaire. Et ce harcèlement scolaire n’était pas présent uniquement au sein de son collège, mais il se poursuivait également sur les réseaux sociaux, notamment sur Facebook et Instagram. Les messages de haine ont d’ailleurs continué à affluer en masse même après le décès de la jeune fille. Des amies de la jeune fille ont notamment reçu des incitations à « la rejoindre », sans parler de certains messages de jeunes gens connaissant Lindsay qui indiquaient qu’ils attendaient son suicide, et qu’ils allaient aller « pisser sur sa tombe ». Dans cette affaire, quatre personnes mineures ont été mises en examen pour « harcèlement scolaire ayant conduit au suicide » et une personne majeure pour « menace de mort ». La famille de Lindsay a également porté plainte contre le réseau social Facebook.
Vous l’aurez compris, le harcèlement scolaire peut toucher n’importe quel type d’élève. Mais surtout, malgré ce que certaines personnes peuvent penser, les victimes de harcèlement scolaire ne sont pas les enfants de parents démissionnaires ou peu concernés par le bien-être de leurs enfants, bien au contraire. On peut voir dans les deux cas cités précédemment que les parents ont agi en amont pour essayer de faire cesser ce harcèlement scolaire, en vain. Partant de cette constatation, nous en arrivons donc à la dernière partie de notre article sur le harcèlement scolaire via les réseaux sociaux, concernant les solutions dont les parents disposent pour aider leurs enfants à se sortir de cette situation.
Quelles sont les solutions et recours possibles si mon enfant est victime
de harcèlement scolaire ?
Si votre enfant est lui-même ou elle-même victime de harcèlement scolaire et/ou de cyber-harcèlement, vous êtes certainement à la recherche de solutions concrètes et rapides. Voici donc plusieurs pistes pour vous aider, en tant que parents, à mettre fin à cette situation de harcèlement.
Les solutions contre le harcèlement à votre portée directe en tant que parents
Quoi de mieux, en tant que parent d’élève, d’avoir un œil direct sur la vie au sein de l’établissement de votre enfant ? Vous pouvez par exemple vous inscrire en tant que parents d’élèves, afin d’avoir un contact direct et régulier avec la direction et le corps enseignant. Vous pourrez ainsi vous tenir informés de l’ambiance générale au sein de l’établissement scolaire de votre enfant, des problématiques auxquelles sont confrontées les élèves et les professeurs… Sans parler du fait que, en cas de problèmes touchant directement votre enfant, vous serez en première ligne pour en parler aux professeurs et/ou à la direction, avec une prise en compte immédiate de la situation.
Si votre enfant vous parle de difficultés avec un ou plusieurs élèves de sa classe, il peut également être intéressant pour vous de vous inscrire en tant que parents accompagnants pour les sorties scolaires.
Ainsi, vous pourrez rencontrer en personne ces enfants et voir directement comment ils se comportent avec votre enfant. Et si vous assistez à une situation de harcèlement en votre présence, vous pourrez profiter de l’occasion pour en parler directement avec le ou la professeure sur le fait, afin qu’une conversation puisse s’engager entre votre enfant, son ou ses harceleurs, le
professeur et vous-même.
Enfin, n’hésitez pas à prendre rendez-vous directement avec les professeurs et la direction de l’établissement, afin de mettre rapidement des mots sur la souffrance vécue par votre enfant face à ses harceleurs. Et ce même si votre enfant est victime de cyber-harcèlement car, généralement, la violence subie en ligne découle de situations de harcèlement vécues d’abord au sein de l’établissement scolaire. Il est donc primordial de régler la situation dans la vie réelle, pour que le cyber-harcèlement disparaisse ensuite.
Il est également nécessaire de faire le ménage numérique dans le téléphone de votre enfant.
Ce dernier y sera rétif, ce que l’on comprend ; son portable est un peu sa propriété intime, et il est une sorte d’extension de sa vie sociale. Mais c’est votre rôle en tant que parent ; si votre enfant est en danger, il est alors vital de prendre les mesures adaptées.
Concrètement, vous payez et avez donc accès au compte de son abonnement. Vous pouvez donc, en cas d’urgence, et sans même lui dire, limiter l’accès à Internet, donc aux réseaux sociaux.
Vous pouvez également agir en transparence et imposer comme règle : pas de présence sur les réseaux sociaux, mais un accès à ses amis par appels et messages, de sorte qu’il soit possible de bloquer les contacts indésirables.
Vous devrez également surveiller les publications Internet des données personnelles qui concernent votre enfant et les faire effacer, dans la mesure du possible. Veillez à faire supprimer les photos, vidéos et même les pages diffusant le nom de votre adolescent publiés sur Internet. A moins qu’il s’agisse d’un fait valorisant ou d’une parfaite neutralité.
Et si vous apprenez que des contenus humiliants sont diffusés sur TikTok, Instagram ou Facebook, vous pourrez faire appel à un professionnel de l’e-réputation aux fins de supprimer ces publications illicites, de sorte de nettoyer ce qui doit l’être. Et afin que votre enfant puisse retrouver un peu de sécurité.
Votre enfant n’étant plus exposé, il sera possible de faire un travail de fond avec lui ou elle, sur le plan éducatif et de lui apporter l’aide psychologique nécessaire.
Les solutions contre le cyber-harcèlement scolaire à mettre en place avec
votre enfant
Si le harcèlement de votre enfant dure depuis déjà un certain temps et commence à avoir des répercussions sur son comportement et sa confiance en lui, vous pouvez lui proposer, s’il ou elle le souhaite, de bénéficier d’un suivi psychologique auprès d’un spécialiste du harcèlement. Car il peut être difficile pour votre enfant d’oser vous raconter son mal-être en profondeur, par peur de vous blesser ou de vous rendre triste vous aussi. Sans parler du sentiment de honte ressenti par les victimes de harcèlement ou de cyber-harcèlement – surtout en cas de harcèlement de groupe – qui en arrivent à penser que c’est leur faute si elles subissent tout ça. Alors, pouvoir s’exprimer librement auprès d’une tierce personne totalement neutre, cela pourrait faire énormément de bien à votre enfant.
Les solutions contre le harcèlement proposées par les institutions
gouvernementales
Le 9 novembre prochain aura lieu la journée de lutte contre le harcèlement scolaire. A cette occasion, des actions vont être mises en place dans toute la France, pour aider à prévenir les situations de harcèlement au sein des établissements scolaires, notamment les écoles et les collèges. Ainsi, il sera dorénavant possible d’exclure un élève harceleur de son établissement scolaire sans le consentement de ses représentants légaux, si cet enfant continue d’adopter un comportement de harcèlement de façon intentionnelle et répétée, et ce malgré plusieurs tentatives de conciliation réalisées en amont.
Ce type de mesures fait partie du programme pHARe, le plan de prévention du harcèlement lancé par le Gouvernement, afin d’agir contre le harcèlement scolaire et le cyber-harcèlement directement au sein des établissements scolaires. Parmi les mesures mises en place, on notera notamment la création de deux numéros d’urgence dédiés au harcèlement :
● Le 3018, pour les situations de cyberharcèlement – également disponible sous forme d’application mobile ;
● Le 3020, pour les situations de harcèlement dans la vie réelle.
Ces deux numéros sont gratuits, confidentiels et anonymes. Ils sont disponibles 7 jours / 7, de 9h à 23h, afin d’aider les élèves victimes ou témoins de harcèlement scolaire, mais aussi de conseiller les parents des élèves harcelés ou harceleurs, ainsi que les professionnels en contact avec des enfants ou des jeunes, qui seraient témoins de situations de harcèlement.
Il existe également des référents harcèlement sur tout le territoire français, qui sont là pour suivre et conseiller les familles d’enfants harcelés qui les contactent, afin d’aboutir à la résolution de ces situations de harcèlement. Vous trouverez ici la carte de France de ces référents harcèlement,
avec le numéro de téléphone correspondant à chaque académie, afin de rentrer en contact avec les référents de votre académie.
En conclusion, on notera que le harcèlement scolaire, qu’il soit réalisé au sein de l’établissement scolaire ou en ligne avec le cyber-harcèlement, est un sujet d’actualité qui touche de plus en plus de jeunes, et ce dès l’école primaire. D’où le fait que les institutions gouvernementales, en collaboration avec les établissements scolaires, travaillent en profondeur sur le sujet afin de prévenir les situations de discriminations et donc de harcèlement scolaire au sein de l’école.
Néanmoins, concernant plus spécifiquement le cyber-harcèlement, les solutions sont encore loin d’être suffisantes, du fait de la difficulté à réguler les messages publiés et envoyés en ligne, notamment sur les réseaux sociaux. Alors, en tant que parents, le meilleur conseil que nous pouvons vous donner est de toujours garder un œil sur la vie virtuelle de vos enfants, surtout des plus jeunes, afin de ne pas passer à côté d’une situation de cyber-harcèlement dont votre enfant n’aurait pas osé vous parler, par honte ou par culpabilité.